⚠️ Fin de la chasse aux loups en Espagne VS tirs létaux bientôt autorisés en Haute-Marne
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- 22 avr. 2021
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Dernière mise à jour : 19 juin 2021
PAR LOUISE NAULEAU ET ELOÏSE MAILLOT.

Jeudi 4 février, l'Espagne a mis un terme a la chasse aux loups sur tout son territoire. Une victoire pour le canidé, tout en contraste avec une mesure française qui bientôt mise en place par un arrêté préfectoral, dans le département de la Haute-Marne. Le préfet Joseph Zimet va autoriser les tirs pour tuer directement les loups, afin de 'protéger les troupeaux'.
Le loup fait son retour en Europe.
La Commission d’État pour le patrimoine naturel du ministère de la Transition écologique et du Défi démographique en Espagne, a récemment présenté sa proposition de loi, qui après deux votes dont un premier résultat nul (à égalité), ont tranché : La chasse au loup est désormais interdite sur tout le territoire espagnol, depuis le jeudi 4 février 2021, alors que celle-ci n'était jusqu'ici empêchée par la loi qu'au sud du fleuve Douro, tandis qu'elle était encore autorisée au nord.
Cette décision historique est applaudie par les associations de protection de l’environnement et des animaux, mais non par les éleveurs de bétail des 4 régions autonomes du nord (la Galice, les Asturies, la Cantabrie et la Castille-et-León) qui réunissent 95% de la population de loups.

Il a d'abord été établi que le loup - Canis lupus - cet animal mal-aimé et objet de nombreux fantasmes dans l'histoire collective, mais en réalité très craintif et discret, est essentiel pour régénérer les écosystèmes, car il régule naturellement les populations des autres espèces, comme les grands cervidés. Le loup a une fonction primordiale dans la préservation de l’écosystème des forêts et des montagnes et chasse les animaux qui pourraient nuire à la biodiversité.
En France, le WWF (Fonds Mondial pour la Nature qui existe depuis 1973) a mis en place un financement pendant plus de 15 ans, le programme Pastoraloup, avec l'aide de Ferus :
recours aux chiens de protection,
renforcement de la présence humaine aux côtés des troupeaux,
installation de clôtures appropriées,
expérimentations d’effarouchement,
tout un dispositif pour aider les bergers à faire face aux attaques de loups.
Depuis 1990 avec la ratification de la Convention de Berne, le loup fait partie de la catégorie des espèces protégées. Des tensions entre l’Humain et le prédateur subsistent, et particulièrement dans certaines zones que l’animal avait quittées auparavant, mais dans lesquelles il est revenu depuis quelque temps. Ainsi, dans les années 60 en Espagne, les loups ibériques représentaient quelques centaines d’individus. Aujourd’hui, on en dénombre entre 1500 et 2000. Une augmentation jugée encore insuffisante. 530 loups étaient recensés en 2019 contre 580 adultes en 2020. Leur population en France à la fin du XVIIIè siècle était estimée par l'association Ferus entre 10 000 et 20 000 individus.
LA COHABITATION LOUPS VS HUMAINS
61 communes du département de Haute-Marne sont concernées par l'arrêté que compterait prendre dans quelques jours, le préfet Joseph Zimet, ancien conseiller en communication d'Emmanuel Macron, où la présence ponctuelle du loup a été attestée.
Tandis que nos voisins espagnols interdisent la chasse aux loups, la préfecture de la Haute-Marne va autoriser les tirs létaux sur l’animal, après de nombreuses attaques recensées ces derniers mois, bien que Joseph Zimet, précise ne pas vouloir mettre en place 'une traque aux loups' mais un plus grand nombre de mesures de défense comme des 'clôtures électrifiées'.

Ces tirs sont destinés à protéger les troupeaux. De plus, seuls les louvetiers et les éleveurs possédant un permis de chasse auront l’autorisation de tirer, dans un territoire de 200 mètres autour du troupeau. Cette décision intervient quelques jours après une première mesure autorisant les tirs d’effarouchement, afin de faire fuir l’animal.
Pour rappel, le loup est classé vulnérable sur la liste rouge des espèces menacées en France par l'UICN. En 2021, le quota d'abattage mis en place par l'État français est fixé à 19% de la population estimée, soit une centaine d’individus.
La France serait-elle en train de faire un pas en arrière par rapport à son voisin espagnol ? Il va surtout falloir repenser notre cohabitation avec les espèces sauvages. Curtis Marean, professeur d’archéologie à l’Université d’Arizona, ou d'autres scientifiques comme l'astrophysicien Hubert Reeves, nous expliquent que l'humain est la seule espèce à avoir colonisé la Terre entière, et à avoir su s'adapter sous tous les climats. Selon l'INSEE, en 2050, la race humaine sera de 10 milliards sur la Terre.
Comment allons-nous pouvoir cohabiter avec toutes ces espèces. Et comment réguler notre propre propre population afin d'assurer la survie de nos écosystèmes et de la biodoversité ?
Sources : ferus.fr ; France 3 ; wwwf ; courrierinternational.com , uicn.fr ; ofb.gouv.fr ;
Louise Nauleau et Eloïse Maillot
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