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😡 Peuple de Corse : n'avez-vous pas honte !?

Dernière mise à jour : 19 juin 2021

PAR ELOÏSE MAILLOT.

Amis corses, ne sentez-vous pas la honte faire ployer vos épaules de peuple libre et fier ? Ne sentez-vous pas le déshonneur envahir vos poumons ? Aldo se joint à moi pour crier, lui qui ne peut rien dire.





Tu as l'air bien sur la photo, tu ressembles aux chiens heureux qui n'ont pas souffert dans leur chair. Et pourtant... c'est le cou écrasé par la chaîne de la honte que je t'ai croisé.


Amis corses, réveillez-vous. C’est un cri. Celui de la colère.


Amis corses, mon pays, êtes-vous fait de ce bois-là ? Notre fierté légendaire n’est-elle qu’un mythe ?


Hier matin, j’ai pleuré toutes mes larmes, car j’ai dû renvoyer Aldo à sa prison, vagabond dont j’ai croisé le chemin avant-hier au bout d’une longue et énorme chaîne en fer de 10 mètres qu'il trainait lourdement derrière son corps. Loin de son lieu de détention. Je n’avais rien demandé, je n’ai pas cherché le chien maltraité - un autre, un nouveau, une nouvelle histoire triste qui ne finira pas aussi bien que les autres - je me promenais. J’avais du travail, un dimanche. Beaucoup de travail.


Il a avancé vers nous. La cruauté de la Corse ne cesse de vous sauter dessus, à qui sait simplement regarder et s’arrêter. Aldo, le cou littéralement étranglé par un collier de fer doublement fermé par deux rivets, un très large et un plus petit, rouillés. Deux outils de torture auxquels il était ferré, et impossibles à dévisser à la main tant ils étaient fermement verrouillés - au cas où Aldo aurait imaginé pouvoir dormir tranquillement, déglutir normalement ou simplement respirer et se reposer sans entraves -, la chaîne de fer lui rentrant dans sa peau flétrie par le sceau de l'étranglement, avec tout au bout, le rivet pendouillant de l’évadé en sursis.


Puis Aldo est libre, enfin.

Nous avons dû nous y mettre à trois pour lui enlever son collier, à l’aide d’une énorme pince. Oui, j'ai dû demander de l'aide, repartir à pied avec toi pour qu'un voisin te libère. Deux femmes et un homme. Seule, je n'aurais pas réussi. J'ai pourtant essayé. Je lui masse maintenant le cou et le poil marqués par le sceau de la cruauté humaine. Je le lave avec le tuyau d’arrosage - Aldo a de la diarrhée, amis poètes et esthètes, la vie des animaux qui souffrent n'est pas pour vous, il est probablement mal nourri - alors je le lave, lui donne à manger, je le caresse, je l'embrasse, le mets à l'ombre et lui donne à boire, en lui susurrant des murmures au creux de l'oreille. Il n'y a pas que les chevaux qui aiment ça.

Essayez pour voir... Les animaux entendent tous nos secrets.


Aldo est très excité, tourne dans tous les sens, pleure, puis se calme. C'est dimanche, il fait très chaud, le soleil brille haut dans le ciel bleu immaculé, je l'attache à la rambarde dehors près de moi et le regarde et l'apaise par mes caresses. Aldo s'endort, déplacé à l'ombre sous la table de la terrasse.


Puis je finis par le relâcher. Il court, fait des tours, fou de liberté puis revient, disparaît... 5 minutes. Puis à nouveau de retour, il réclame une attention, pour vérifier que je suis toujours là et pour me dire qu'il ne part pas complètement. Quatre fois, le manège du jardin et des alentours deviennent le théâtre de sa nouvelle liberté, sans asphyxie, ni laisse, ni attache.


Aldo ne veut plus partir. Je lui promets au soir tombé, sur les marches de l'escalier, une famille aimante.


Et puis, la réalité après 4 heures de sommeil agitées. Au petit matin, en filant à pied chez la vétérinaire, le couperet tombe. Je dois rendre Aldo à son propriétaire. Aldo a une puce. Je ne peux rien faire de plus pour lui. Malgré le temps de vie que je prends pour lui, malgré la charge émotionnelle que chaque sauvetage me demande en énergie. On ne peut pas gagner à tous les coups. Aldo est cuit. Tu appartiens à ton tortionnaire qui ne comprendra jamais qui tu es. Ta croix, c’est la stupidité des hommes, et leur méchanceté, fruit de leur non désir de comprendre et de voir ce qui sous leurs yeux, les dérangeraient trop. La mort dans l’âme, l’objet chien Aldo a bien été restitué.

On va te rattacher à ta potence. Seul.


J'avais pourtant tout tenté, même auprès de ton maître croisé sur la route au petit matin qui réclamait que je te restitue, après t'avoir reconnu, et auquel j'ai refusé. J'ai pesté... Tout y est passé... la honte... le collier qui t'étrangle... J'ai été combattive aussi, lorsque je t'ai vu fuir à sa vue "Est-ce ainsi que vous traitez votre chien en 2021 ?" , j'ai dit non quand il a voulu attraper la laisse "J'irai chez la vétérinaire et vous ne l'aurez pas avant que je sache s'il est pucé".

Tu ne l'as pas reconnu. Lui, l'objet non identifié.

Tu n'en a pas voulu, mais voilà tu es un chien. Et ton corps n'a pas droit à la parole, quand ton maître ne s'était même pas rendu compte que tu avais disparu depuis la veille, ce qui signifie plus de 24 heures que tu aurais passé sous le cagnard corse sans venir te voir. Sauf que c'est dans un garage enfermé et attaché dans le noir que tu passes tes jours et tes nuits.

Il pensait que tu venais de t'enfuir.


Une enquête a été ouverte pas la SPA suite à l'histoire d'Aldo. À l'heure où je vous parle, Aldo a retrouvé ses chaînes et sa prison... et mon impuissance a volé la victoire. Après La Douce, après Bellu, après un autre chien que j'ai réussi à sauver... Aldo est mon échec. Mais il paraît que non, la petite graine a peut-être été plantée dans l'esprit du maître-propriétaire... Ce sont les mots réconfortants qu'une amie m'a dits. Je vous avoue n'en rien savoir... Ce que je sais, c'est que Aldo, et tous les autres, c'est moi. C'est moi privée de liberté, c'est moi que je vois enchaînée et ne pouvant plus respirer.


Peuple de corse, combien d’Aldo, combien d’animaux ici maltraités et abandonnés ? N’avez-vous aucune dignité ? Dois-je avoir honte de mes origines ? N'êtes-vous qu'un peuple de montagnards bruts et rustres mal dégrossis ?


Non, je refuse de céder à cette pensée.


Peuple de corse, civilisez-vous !

... RESPECTEZ-vous et vos animaux !

Photo de gauche : La Douce, trouvée sur la voie publique, dans sa nouvelle famille.

Photo de droite : Bellu, trouvé sur la voie publique, dans sa nouvelle famille.



PETIT GUIDE POUR VOUS AIDER SI VOTRE ROUTE CROISE UN CHIEN ERRANT


Quand vous trouvez un animal errant, les 1ers gestes à avoir sont :

- Lui donner à boire. Evidemment, le rassurer en lui parlant, les chiens sont très sensibles au ton de notre voix.

- Le faire scanner par un vétérinaire, pour voir s'il est pucé (obligatoire aujourd'hui). S'il n'est pas pucé, il n'appartient juridiquement à personne.

- Prendre des photos et vidéos, pour preuves.

- Mettre sa photo en ligne sur Facebook, pour signaler que vous avez vu un animal errant sur la voie publique, les groupes sont nombreux selon votre région.

- Le garder chez vous si possible le temps de lui trouver un foyer.

- Contacter très vite la SPA ou une autre association près de votre domicile (liste chez le vétérinaire) pour qu'il soit placé et adopté au plus vite.


Un animal laissé à son sort à peu de chances de survivre : Une femelle errante non stérilisée enchaînera gestations sur gestations et risque de mourrir d'une infection, quand ce n'est pas écrasée par une voiture. Sous voire pas du tout alimentée, ses bébés risqueront de mourrir de faim (elle ne fera pas de lait et sera trop faible) et sans soins, elle souffrira d'autant plus ou elle ne survivra pas non plus. La période des chaleurs est particulièrement cruelle, car la femelle attire tous les mâles des alentours qui l'épuiseront, ne pouvant plus se déplacer sans eux. Il est même quasiment impossible de l'approcher alors pour la nourrir.


Le chien errant - seul - risque, de se faire attaquer par d'autres chiens, parfois en meute, d'autant plus pendant les périodes de chaleur d'une chienne. La compétition est sans pitié. Seul l'humain peut subvenir aux besoins primaires dont tout chien a besoin. Chaque nuit est une épreuve surtout si celle-ci se déroule dans le froid, sous le vent et la pluie, le chien ne dormira jamais bien, il sera toujours à l'affût et développera beaucoup d'anxiété.

Pour terminer, il risque de nombreuses blessures (pièges, voitures, coups - le chien errant est vu comme un pestiféré -, puces, tiques, épillets, chardons, maladies transmises par d'autres animaux, maladies endogènes - virus, bactéries etc...), sans parler de l'affection dont chaque chien a besoin pour être heureux.


N'oubliez pas... Si le chien est appelé le meilleur ami de l'homme, c'est parce qu'il l'est.




Eloïse Maillot

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