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LA FAST FASHION

Dernière mise à jour : 20 déc. 2019

PAR ROMY GARDIN.


C’est un fait.

La “fast fashion”est un désastre pour l’environnement. Chaque année, 140 milliards de vêtements sont produits dans le monde, quatre fois plus qu’en 1980



Nous achetons toujours plus de pièces, toujours moins chères. On craque pour un petit top à 3 euros par-ci, un jean taille haute à 14 euros par là, il est si facile de se faire plaisir à petit prix.


Oui mais, à force, en plus de ses impacts sociaux catastrophiques au Bangladesh ou en Ethiopie, la mode est devenue toxique.


La 2è industrie la plus polluante au monde


Très toxique : c’est désormais la deuxième industrie la plus polluante du monde, après l’industrie pétrolière.


Produire les deux matières les plus utilisées, le polyester et le coton, n’a rien d’anodin. La première est une fibre synthétique dérivée du pétrole. Ce qui veut dire fortes émissions de gaz à effet de serre (plus de deux fois plus que le coton) qui contribuent au dérèglement climatique et rejets de microfibres dans les océans à chaque lavage.


Le coton, lui, est ultra gourmand en eau et en pesticides (souvent OGM, sa culture absorbe 25% des ventes mondiales de ces produits pétrochimiques et provoque la mort de 22 000 personnes par an, selon l’Organisation Mondiale de la Santé).


Transformer la matière première en fil puis en tissu et la teindre, est tout aussi impactant.

Greenpeace estimait en 2012 que 70 % des eaux de surface sont polluées en Chine à cause de l’industrie textile (métaux lourds, perturbateurs endocriniens…). Autant de substances dangereuses qui se retrouvent aussi sur notre peau et dans nos eaux, au fil des lavages en machine.


Après avoir fait le tour du monde et même plus...


Un jean et ses composants parcourent en moyenne 65 000 kilomètres, soit 1,5 fois le tour de la Terre

... Tous ces produits finissent dans nos placards (parfois littéralement : 30% de nos achats ne sont jamais portés), puis à la poubelle (un tiers seulement des textiles et chaussures sont collectés après usage).


Les solutions ? il y en a !


La bonne nouvelle, c’est que des solutions existent.


De plus en plus de créateurs, d’ONG et d’industriels s’attachent à rendre la mode plus responsable. Dans le sillage du secteur de l’alimentation, où le “bio, local et de saison”, l’équitable voire le vegan, explosent depuis quelques d’années.

Ils se posent des questions toutes simples : d’où viennent les produits, comment sont-ils fabriqués, comment réduire leur impact et tentent d’y répondre.


Ils privilégient les fibres naturelles, à condition qu’elles soient bio (le coton biologique, sans pesticides de synthèse, engloutit deux fois moins d’eau que le “conventionnel”) et/ou locales.

Champ de lin

Champ de fleurs de lin


Cultivés en France, le lin et le chanvre sont les plus écologiques : ils ne nécessitent pas d’irrigation ni de pesticides et leurs déchets sont réutilisés”, explique Majdouline Sbai, sociologue spécialisée en environnement qui a publié l'an dernier, “Une mode éthique est-elle possible?” (Rue de l’échiquier, 128 pages, 13 euros).


Dans ce petit livre inspirant, la jeune femme évoque le foisonnement de la recherche autour

des textiles du futur. Robe à base de déchets de marc de café ou de houblon, cuir réalisé avec des feuilles d’ananas (marque Pinatex), ou soie conçue en Italie à partir d’écorces de citron et d’orange (start-up Orange Fiber), autant d’inventions qui “ouvrent des

perspectives écologiques passionnantes”.





Quant à l’entreprise alsacienne Velcorex-Matières françaises, elle entend relancer la fabrication de tissus à base d’ortie. Pour éviter de faire souffrir des animaux dans des élevages intensifs.


Attention toutefois aux fausses bonnes solutions et à l’impact des matières alternatives.

Les fausses fourrures en synthétique teintes avec des colorants douteux ne sont pas la panacée. “Il existe aussi des fausses fourrures écologiques”, remarque Annick Jehanne (@annickjehanne) fondatrice de la plateforme de formation Hubmode et des Fashion Green Days, “premier forum sur la mode circulaire” qui a eu lieu les 23 et 24 mai derniers à Roubaix (Nord).



Comment le consommateur peut-il faire la part des choses ? Comment distinguer les vraies initiatives vertueuses des opérations de communication et de “greenwashing”?

Comment s’y retrouver, parmi la foule de labels censés certifier que la pièce qu’on vient d’acheter est écologique et/ou équitable ?


L’ONG britannique Changing Markets Foundation a épinglé nombre d’entre-eux dans un rapport publié en mai 2018, en particulier le Better Cotton Initiative (BCI), “qui permet l’utilisation de produits chimiques toxiques et de semences génétiquement modifiées et s’est développé très rapidement aux dépens du coton biologique”.

A contrario, le label le plus complet et exigeant est le Global Organic Textile Standard (GOTS).

“La seule façon de vraiment connaître les impacts environnementaux d’un produit textile est d’analyser l’ensemble de son “cycle de vie”, souligne Majdouline Sbai. Et de citer la démarche du belge Bruno Pieters qui, avec sa marque Honest By, propose une mode “slow fashion” et 100% transparente. Ou encore Stella McCartney, qui s’est associée à la Fondation Ellen MacArthur pour évaluer l’impact environnemental de toutes les matières utilisées.




La start-up Clothparency développe, elle, un plug-in baptisé Linen, qui permet de connaître l’impact environnemental d’un vêtement en un clic et de trouver des alternatives plus vertueuses.



L’idéal ?

Des entreprises qui maîtrisent toute leur chaîne de production, comme le groupe de luxe Kering, qui rachète usines et tanneries pour mieux contrôler ce qui s’y passe. Il s’agit au minimum, pour une enseigne, de connaître ses fournisseurs et sous-traitants.

Et de se montrer ultra-transparent. C’est le cas des marques françaises Ekyog et 1083 ou des baskets Veja.




“Leurs produits sont de qualité, réalisés avec de belles matières écologiques et ne sont pas forcément plus chers. De toute façon, il faut aussi se réhabituer à acheter moins de vêtements, peut-être un peu plus chers mais de bonne qualité”, avance Sandra Wielfaert, spécialisée dans le conseil et la formation en Développement Durable pour l'industrie du textile-habillement.



Zoom sur l'UpCycling


Si quelques géants s’engagent, comme C&A qui promeut désormais la mode circulaire ou “zéro déchets” et teste même des matières biodégradables, beaucoup reste à faire et à imaginer pour rendre l’industrie de la mode responsable, éthique et durable.

Du côté des producteurs comme des consommateurs.


Pourquoi ne pas louer ses vêtements, après tout ?

C’est ce que propose par exemple la marque néerlandaise Mud Jeans. On porte ces derniers moyennant 7,5 euros par mois, plus 20 euros de caution. A tout moment, les jeans peuvent être réparés gratuitement. Et au bout d’un an, le client peut échanger son pantalon contre un produit neuf et reconduire son contrat, ou l’acheter pour 20 euros, ou encore le rendre à l’entreprise qui le recyclera et le transformera en cabas ou autre.



L’“upcycling” a la cote : il s’agit de recycler un objet en lui donnant une plus grande valeur.

L’entreprise Filatures du Parc, dans le Tarn, fabrique du fil à partir de fibres recyclées. Majdouline Sbai cite les collections de prêt-à-porter très “tendance” créés par Anaïs Dautais Warmel, fondatrice de la griffe Les Récupérables, à partir de draps, rideaux ou nappes collectés auprès d’Emmaüs et de ressourceries partenaires puis assemblées dans des ateliers d’insertion.



D’autres créatrices “upcycleuses” joyeuses, dynamiques, inspirées et inspirantes tracent leur chemin en France. Comme Gaëlle Constantini ou Marcia de Carvalho, qui redonne vie aux chaussettes orphelines. Loin, très loin d’un discours moralisateur et culpabilisant, elles transmettent à tous l’envie de mieux s’habiller, au sens strict du terme, de savoir comment sont faits les vêtements, de s’engager.



Et pourquoi pas d’apprendre à créer ses propres pièces, à les customiser, les réparer.


A quand un “Top chef” de la mode ?


Romy Gardin







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