CLÉMENCE, NOTRE AMBASSADRICE STRASBOURG TÉMOIGNE : RÉQUISITIONNÉE DEPUIS 1 SEMAINE À L'HÔPITAL
- AMBASSADRICE
- 28 mars 2020
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 mai 2020

Autre temporalité. Lorsque brutalement tout peut basculer
Le monde ralenti, forcé, dans un mouvement à la fois plus lent, déstabilisant, angoissant. L’instant revêt l’impression d’une folie douce, noyé dans un tourbillon effervescent où il est aisé de plonger, et de suffoquer.
Dans les couloirs de la maternité, tout se déploie pour faire face à ce raz de marée. C’est dans un déni premier que je continue de travailler.

Comment croire que quelque chose puisse venir perturber le processus d’une vie naissante ?
Je n’entends pas ces discours multiples, annonciateurs du pire, je n’entends pas ce cri de panique qui s’élève doucement au-dessus de nous.
Et pourtant, l’être humain se transforme.
Son visage s’efface derrière un masque blanc, et on apprend à travailler autrement. En très peu de temps. Nos discours deviennent parfois incohérents, lorsqu’hier le petit frère pouvait rencontrer le dernier né, et qu’aujourd’hui le père se voit quitter la maternité dès lors l’accouchement terminé.
Les contacts s’amoindrissent, alors qu’ils étaient richesses de notre pratique. A chacun d’eux, la peur grandit. De, peut-être, être face à l’ennemi.
Flirter ainsi avec le doute, et l’incertitude de ce qui sera, voir certains médecins partir prêter main forte aux services de réa.
Voir nos gardes se transformer, les patientes défiler, en essayant pourtant d’entourer cette nouvelle maternité.
Toujours dans ce déni de ce qui de pire, pourrait advenir, déni de ces femmes enceintes, au profil fragile et touchées aussi par cette pandémie.
J’entrevois ce qu’il persiste de beau. L’être humain qui persiste dans ces locaux, l’entraide qui apaise quelques maux, les lumières allumées aux noms de ceux qui tentent d’enrayer le fléau.
Et c’est en ayant toutefois peur que je me souviens de ma prof de philo, et notamment de ces quelques mots « la peur n’évite pas le danger ». Je n’ai pas la bonne solution, alors dans l’instant présent je me suffis. Et je persiste à croire en cette précieuse Vie.
Clémence, Ambassadrice Strasbourg

Nous envoyons notre force et notre courage à Clémence et lui souhaitons de prendre soin d'elle et lui disons du fond du coeur MERCI 💝Nouvelle Veg
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