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PORTRAIT D'UNE FEMME COMORIENNE ENCEINTE

Dernière mise à jour : 29 avr. 2020

Photo : Clémence

Après une discussion avec une femme comorienne ayant accouché, je trouvais son histoire intéressante. Je vous la transmets ici, si jamais elle vous intéresse tout autant... 




Née un 26 Décembre 1994, elle passe le jour de ses 25 ans à la maternité, après avoir donné naissance quelques jours auparavant à sa première petite fille.

Pourtant, l'annonce de son âge la perd dans ses pensées. Persuadée d'avoir 26 ans, je lis dans son regard un mélange d'étonnement et de peur.

À quel âge a-t'elle grandi de deux années ? Est-elle véritablement née à cette date là ? Je ne le saurai pas.

Peut-être qu'elle non plus. Je sais seulement que les usurpations d'identité ne sont pas rares ici, et je m'interroge sur le fait d'exister en ayant construit une autre identité.

Elle me raconte alors quelques bribes de sa vie...


Née aux Comores, elle y a grandi et a pu entreprendre là-bas une scolarité. Je ne sais rien du système scolaire comorien, mais elle n'a pas pu obtenir son bac malgré trois tentatives. Elle m'explique que le bac est souvent obtenu très tard et qu'il représente déjà en soi un diplôme important. Je la questionne alors sur ses rêves professionnels et elle me répond qu'elle aurait voulu être avocate.

Et puis sa première grossesse est arrivée, ses études inachevées... Ma question sur la poursuite de ses projets reste sans réponse. Une grossesse qui me semble plutôt bien suivie aux Comores au travers ses paroles... jusqu'à ce qu'on lui diagnostique un diabète de grossesse, laquelle à ses yeux devient très risquée. Elle m'apprend qu'à partir du moment où la grossesse n'est pas strictement normale (et je suppose qu'il en est de même pour toutes les maladies), rejoindre Mayotte devient un objectif pour obtenir de meilleurs soins,


"parce qu'ici, on est mieux soigné et je ne voulais pas prendre de risques".

Mais le risque de traverser en kwassa à 8 mois de grossesse, l'océan indien, elle le prendra. Traversée dangereuse dans des conditions parfois extrêmes, et laissant aux Comores son mari. Avec l'espoir qu'il pourra la rejoindre... "bientôt... Tu sais, nous, on aime beaucoup nos enfants. C'est le plus important. Les maris des fois ce n'est pas pareil. Des fois, ils les grondent, mais alors nous on les excuse".

L'amour pour justifier de prendre de tels risques. Et de cet amour que nous devrions peut-être tous emporter un peu avec nous...




Clémence, Ambassadrice Mayotte












 

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