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"T'AS VU L'EFFET QUE TU ME FAIS ?"

  • Photo du rédacteur: TRIBUNE
    TRIBUNE
  • 14 oct. 2019
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 6 avr. 2020

PAR FRANCE NESPO.


Elle a sonné, il lui a ouvert la porte d’entrée. C’était chez lui.



Lui devant, elle à sa suite, ils ont traversé tout l’appartement.

Au détour d’un couloir, il a ouvert la porte d’une chambre. Suite conjugale.

Ils sont entrés dans la chambre.

Sa chambre à lui.

À partir de là, tout est allé très vite.


Il l’a poussée sur son lit. Son lit à lui.

Elle revoit la tête qu’il avait quand une fois étendu sur elle, en lui prenant une main

qu’il a posée sur son entrejambe à lui, au creux de son jean à lui, il lui a dit :


« T’as vu, l’effet que tu me fais ? »


Malade, complètement malade


C’était un type un peu malade. Peut-être même complètement malade. Elle ne sait plus trop. C’était il y a des décennies. Cent cinquante ans, peut-être. La mémoire, c’est un drôle de truc.

La preuve, elle ne sait même plus comment elle est ressortie de cette chambre, de cet appart. Si elle a couru ou non dans le couloir, si elle a ou non claqué sur elle la porte palière.


Décidément, oui, la mémoire est un drôle de truc.


Tout ce qu’elle sait, aujourd’hui, c’est que si le hasard fait qu’elle se retrouve avec ce type assis dans un salon en face d’elle de l’autre côté d’une table, elle se lève, traverse la pièce

et elle lui fout une baffe.


Avec ce seul commentaire si autour d’elle on s’étonne et on s’insurge :

« Ne vous inquiétez pas. Si vous ne savez pas pourquoi je lui mets une mandale en pleine tronche, lui, il le sait. Vous n’avez qu’à le lui demander. »


Balance ton porc


Mauvaise expression.

On sait même que pour certaines, ça s’est fini – mal – au Tribunal, et que c’est elle qui est appelée à payer 20 000 euros pour harcèlement. Pourrir la vie d’un mec que l’on a papouillé par consentement entièrement mutuel lors d’une soirée très, très copieusement arrosée entre camarades de travail parce que, quand vous quittez la fiesta pour aller au dodo, un peu trop saoule, le crétin genre lourdaud col blanc de travers que vous venez de quitter tout excité du cul, (le vôtre), vous envoie un sms au style explicite mais peu raffiné ... pour lequel il s’excuse d’ailleurs peu après, c’est pas un bon plan. C’est pas clean.


Le pire, selon moi, c’est quand vous trouvez et exportez partout par la magie délétère des réseaux sociaux la formule « balance ton porc », l’injure la plus dégueulasse qui soit.


Pour les porcs. Pas pour les mecs.


Et à cet égard, je songe d’ailleurs depuis un bon moment, à lancer une pétition pour remplacer la formule par, possiblement, quelque chose du genre

« Balance ton gros connard de merde pourri ».


Parce qu’un animal, c’est innocent.

Un animal, c’est quand Madame veut. C’est quand Madame est prête. Sinon, c’est Tintin la balayette. Pour exemple, je n’ai jamais vu que deux gorilles maintiennent les membres d’une femelle plaquée au sol, pendant qu’un troisième se la farcit.



L’innocence de l’animal


Les animaux purs (pléonasme) que l’homme n’effraie pas, ce n’est pas que sous la plume du merveilleux poète, c’est dans la nature. C’est partout sur la planète, partout dans le réel. Si nous avions gardé nos âmes d’enfants, nous le saurions.


Un type qui jette une femme sur un lit, lui suggère geste à l’appui de s’émerveiller de la grosse quéquette que ça lui fait dans son futal à lui, c’est juste un baise mou, un gros salaud, un gros connard pourri.

Un cochon ne ferait jamais ça. Un cochon, c’est mignon. Intelligent. Aussi respectueux, aussi aimant et dévoué qu’un bon brave chien, bon gros toutou.


Celui qui vous engage – par la force – à vous exciter sur sa propre érection, c’est juste un malade, complètement malade. Tiens, ça pourrait même se chanter, avec, dans le rôle-titre de la célébrité chantante, n’importe quelle vedette iconique – il y en a eu plein, de la variétoche à l’art lyrique – qui croit vous faire un cadeau en vous agressant, en se jetant sur vous, en vous violant, sur son yacht, dans sa Villa Réséda, ou dans son appart haussmannien de mille mètres carrés.




Cherchez l’erreur


Vous avez déjà vu une gonzesse jeter un homme sur un plumard en lui demandant, extatique, s’il a vu l’effet qu’il vous fait ?


Une nana qui fait ça serait une pute, non ? Un homme s’autorisant pareil comportement est un séducteur. Un Don Juan.


Or, cet homme-là, celui qui vous a ainsi agressée, quand vous êtes venue le voir, quand vous l’avez suivi au long de son appartement, vous faisiez quoi au juste, ainsi projetée dans son intimité ?


Vous étiez en plein repérage avant tournage avec votre équipe de cameramen, éclairagistes, preneurs de son. Vous faisiez votre boulot de Grand Reporter Culture. Ben oui, faut de tout, dans un Magazine Télévisé. En traversant en long et en large l’appartement dans lequel vous alliez filmer le chanteur malade, complètement malade, pour un Portrait Intime, vous étiez en train de construire, accompagnée par lui dans les différents décors de sa maison de ville, ce que l’on appelle « le Conducteur » de l’émission télévisée dont vous aviez la charge.


Vous étiez en train de TRAVAILLER.

Comme disait ma chère marraine de télévision Éliane Victor, ça arrive aux ''femmes aussi''.


Vous étiez en jeans et en tennis.


Vous n’étiez pas en train de tortiller du cul du haut de vos vingt centimètres de talons aiguilles.


Cherchez l’erreur.


France Nespo


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