Dubaï, gratte-ciels du sexisme
- AMBASSADRICE
- 15 sept. 2019
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 juin 2023
Par Victoire Dauxerre, Ambassadrice Monde.

Sur le vol Emirates qui me ramène de Dubaï, je respire enfin.
Chaque jour passé là-bas m’a fait réaliser à quel point je suis privilégiée d’être française.
S’il nous reste des droits à défendre et à faire respecter en Europe, la comparaison n'est même pas envisageable avec le Moyen-Orient.
Je n’ai jamais pu concevoir le port du voile de manière volontaire de la part d'une femme, je
comprends maintenant malheureusement son usage nécessaire et défensif, ressentant moi-même le besoin de me couvrir contre des regards pervers et anxiogènes et ce, à longueur de journée.
Si vous n'êtes pas cachée ou "protégée" par un homme, vous êtes offerte à tous les autres.
Vous êtes une proie, un objet sexuel ambulant à la merci du désir de l'autre tout-puissant.
Quand chaque homme dans la rue ou sur la plage - et ils sont des centaines, par groupes de dix - vous observe de la tête aux pieds et vous suit même à la nage dans la piscine d'un hôtel, en demandant votre numéro trois fois, insiste pour avoir la permission de votre petit-ami imaginaire pour vous emmener boire un verre, vous suit en voiture, prend votre bras pour que vous entriez dans sa boutique ou touche votre cou sans votre permission parce qu'il "veut vous embrasser", il est difficile de se sentir libre et indépendante, ou tout simplement en sécurité.

Alors que la Constitution des Emirats Arabes Unis déclare offrir les mêmes droits à tous et que les touristes américains et européens reviennent enchantés de leurs vacances cinq étoiles au soleil, le rapport à la femme et à l'être humain en général est loin d'être égal au nôtre.
Je suis affolée par le nombre d'accidents sur la route quand le chauffeur du taxi, originaire du Népal, m'explique que les Dubaïotes passent leur temps sur leur téléphone et ne respectent aucune règle de sécurité, préférant les amendes, ou pour la plupart, ne rien payer du tout, lorsqu'ils ont les bonnes relations.
Tout n'est donc qu'argent et pouvoir au pays du bling.
La prostitution bat son plein, au vu et au su de tous, dans les hôtels et clubs de plage.
J'y rencontre un conseiller de l'Emir qui s'amuse de mon dégoût et de mon indignation lorsque je réalise que je suis entourée d'escorts, certainement mineures pour la plupart d'entre elles.
Je lui demande ce qu'il compte faire pour tous les sans-papiers qui meurent dans des conditions indignes sur des chantiers privés, ou pour le portier de mon immeuble dont le passeport a été confisqué afin qu'il ne "s'échappe pas et soit dans l'incapacité de rentrer dans son pays !".
Il rit , une coupe de champagne à la main, ponctue ses phrases de "baby" alors qu'il pourrait être mon père et lâche sa sentence :
"Pourquoi ça a tant d'importance pour toi ? Tu es du bon côté ! Les droits de l'homme n'existent pas ici".
Dubaï n'est pas un rêve, c'est un mensonge.
Victoire. Ambassadrice Monde.
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