ÊTRE VEGAN EN NOUVELLE-CALÉDONIE
- AMBASSADRICES
- 2 sept. 2020
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 nov. 2020

Lorsque je suis arrivée en France, à Lyon, je n’étais certainement pas végétarienne, encore moins vegan !
Je débarquais de Nouvelle-Calédonie, merveilleuse île française du Pacifique, où l’amour de la pêche et de la chasse est traditionnel et transmis de génération en génération. Où aller à la ligne au petit matin, est aussi naturel que s’allonger sur le sable chaud.

Je suis restée en France plus longtemps que je ne le pensais, le temps de changer de ville trois fois, de donner naissance à un petit Nantais veggie, de passer de la musique à la naturopathie. Le temps de me transformer : végétarienne d’abord, puis végétalienne, finalement vegan.
Bref, le temps de devenir autre tout en restant profondément moi.
Et puis, tout de même, après 13 ans d’exil, je suis rentrée à la maison, mon fils, mon conjoint, mon véganisme sous le bras. Chez moi. Face à l’horizon. Face à l’immense, l’inégalable ligne bleue qui promet
tout, et surtout le meilleur. De cet océan au bord duquel on croît comme une
mauvaise herbe, insolemment, on puise la force, la sérénité, la confiance.

Oui, il fait bon vivre en Nouvelle-Calédonie, et plus encore en ces temps incertains où nous pouvons mesurer notre chance de nous promener sans masque et libres de l’obsession du gel hydroalcoolique. Nous faisons partie des rares endroits sur Terre où le virus du Covid ne circule pas.
Mais on ne s’extraie pas de tant d’années d’habitudes alimentaires si facilement. Car être veggie par ici peut s’avérer, surtout au début, un véritable défi.
Terre de traditions et joyau d’insularité, la Nouvelle-Calédonie est aussi une île imprégnée de culture cow-boy, avec ses grands espaces où broutent nos amis les bovidés et ses chevaux qui galopent au vent.
Il a fallu renoncer aux magasins spécialisés, où il était aussi facile de trouver des nuggets de seitan, qu’ici un paquet de riz !
Nous, les Calédoniens, sommes de grands mangeurs de riz devant l’Eternel.
Le choix est réduit et, de par l’éloignement, les prix des yaourts de soja et des steack de tofu s’avèrent astronomiques.
Nous parlons d’un endroit où les fraises sont plus chères que les langoustes...
Il a fallu également faire face à une certaine incompréhension, car il n’y a pas de surpêche mais des artisans pêcheurs, et les méthodes d’élevage sont nettement moins intensives. Les arguments environnementaux du végétarisme sont alors clairement moins percutants.
J’ai vite compris que je ne pouvais pas garder les mêmes habitudes de consommation qu’en France. Évidemment, me départir de mon véganisme m’étant impensable, j’ai donc dû l’adapter au contexte.
Et finalement, revenir aux sources. Aux produits frais. Redécouvrir les tubercules, les fruits du soleil....Consommer un maximum local par la force des choses.

Bien sûr, je ne suis pas la seule sur le territoire. Il existe une solide communauté végé et une association qui informe, explique, réunit. Des gens aussi qui, sans être totalement végétariens, s’y intéressent de près et on sait le pouvoir de la technique des petits pas...
Même au bout du monde, sur une île de 285 000 habitants, même sans nuggets de Seitan, le véganisme est possible et comme partout ailleurs, il convainc de plus en plus. On mange plus facilement au restau, les ateliers de cuisine végétale et de DIY ont du succès, le partage est là, la transmission incontestable, l’intérêt croissant authentique, et ça, c’est délicieusement enthousiasmant !

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